Carlo Federici et Gisella Guasti

1.

Figure 1. La Bibliothèque nationale vue de la
          Piazza Poggi (coll. Archives photographiques de la Restauration,
          Bibliothèque des sciences technologiques [Architecture], Université
          de Florence). © et clichés Adriano Bartolozzi, Archives
          photographiques de la Restauration, Bibliothèque des sciences
          technologiques (Architecture), Université de Florence
Figure 1. Figure 1. La Bibliothèque nationale vue de la Piazza Poggi (coll. Archives photographiques de la Restauration, Bibliothèque des sciences technologiques [Architecture], Université de Florence). © et clichés Adriano Bartolozzi, Archives photographiques de la Restauration, Bibliothèque des sciences technologiques (Architecture), Université de Florence

Si l’on parle aujourd’hui de l’inondation de 1966 à Florence, on ne le doit qu’à l’entêtement des Florentins qui, bien qu’ayant déjà expérimenté trois fois « quelle était la force du vindicatif Arno, voulurent toutefois en garder auprès de leurs maisons une partie plus grande encore, en réduisant à bon terme, autour de 1324, la troisième et jusqu’alors plus ample enceinte de la cité »1.

Lorsque donc, en 1900, il fallut choisir un lieu plus adapté à la construction de la nouvelle bibliothèque, puisque celle des Offices était entretemps devenue insuffisante, cet avertissement fut une fois encore ignoré et l’on choisit une zone à proximité du fleuve, à côté de Santa Croce, occupée par une caserne de cavalerie en voie de déménagement. Ce choix s’avéra néfaste quand le 4 novembre 1966, une fois de plus, « l’Arno sut prendre sa revanche, et, la main armée, retrouver le lit qui lui était nécessaire »2… et déborda. À travers les fenêtres du rez-de-chaussée, il fit irruption dans la bibliothèque avec violence, en provoquant l’explosion des chaudières remplies de mazout et l’éclatement des lucarnes. Les plaques d’égout sautèrent, d’où les eaux usées sorties du réseau d’assainissement pénétrèrent à l’intérieur. L’eau du fleuve monta progressivement, en envahissant d’abord les sous-sols et le rez-de-jardin, pour atteindre à la fin un niveau de sept mètres. Elle emporta livres et journaux, « plus d’un million de ‘documents bibliographiques’ rendus soudainement inutilisables »3, les catalogues, le mobilier, les équipements. Désastre dans le désastre, furent entre autres touchés une partie de la collection Magliabechiana, située au rez-de-jardin, les grands formats Palatini et Magliabechiani, ainsi que les fonds historiques de la Nationale et les mélanges, tous logés dans les sous-sols (voir ill. p. 29, en bas) 4.

Figure 2. Rayonnage du dépôt immédiatement
          après l’inondation. © et clichés Peter Waters
Figure 2. Figure 2. Rayonnage du dépôt immédiatement après l’inondation. © et clichés Peter Waters

1.1. Premiers secours

« Madame, regardez ce qui est arrivé : nous faisons tout notre possible ». Une employée se souvient que c’est avec ces mots que le directeur Emanuele Casamassima s’adressa à elle le jour suivant la catastrophe, lorsque certains employés se retrouvèrent dans la bibliothèque et se mirent, encore égarés, à soulever chaises et tables et à redresser les livres. Ces gestes offrent, aujourd’hui encore, l’image concrète de l’ébranlement provoqué par un désastre sans précédent et permettent de saisir l’effort d’imagination et de coordination accompli par Casamassima qui réussit à faire face, avec lucidité et clairvoyance, à une catastrophe inimaginable tant par sa nature que par le nombre d’objets qui furent touchés5. Rien n’allait de soi et, comme le confiera plus tard Luigi Crocetti, à l’époque bibliothécaire de la Nationale, « le problème était, pour les bibliothécaires, de ne pas se tromper d’intervention et de s’improviser organisateurs d’un système de sauvetage »6.

Aidé principalement par deux employés de confiance de Casamassima, « promus sur-le-champ » vice-directeurs7 non tant à cause de leur position que sur la base de leurs capacités, le directeur, après avoir fait pomper l’eau, ordonna de déplacer les livres vers les étages supérieurs, grâce à des chaînes humaines composées de bénévoles venus du reste de l’Italie et de l’étranger, les désormais célèbres « anges de la boue » (voir ill. ci-contre, en bas), qui se passaient les volumes de main en main dans des conditions absolument critiques : humidité, boue, froid, avec pour toute lumière de faibles ampoules alimentées par des groupes électrogènes qui éclairaient magasins et escaliers8. Mais ils étaient animés d’une solidarité spontanée et par la fierté « d’en être ». Les premiers livres déplacés furent les Palatini, transférés dans le cloître de Brunelleschi, au premier étage de la bibliothèque, afin d’être interfoliés, ouverts en éventail ou démontés et étendus sur des fils fixés entre les colonnes. Au fur et à mesure, les volumes mouillés furent mis à sécher sur des tables, sur des chaises et sur toute autre surface au sec, ou ils furent entassés l’un sur l’autre sur les sols couverts de sciure des couloirs et des salles (salle de délivrance des documents, salle des catalogues, salle des périodiques), laissant la place juste pour le passage. Au rez-de-chaussée, on organisa le nettoyage et le séchage des catalogues de fiches.

Figure 3. Les bénévoles au travail. © et
            clichés Peter Waters
Figure 3. Figure 3. Les bénévoles au travail. © et clichés Peter Waters

De nombreux grands formats furent, quant à eux, transportés à la centrale thermique des chemins de fer, qui disposait d’eau chaude et froide ; là, ils furent défaits – malheureusement, au début, on le faisait quand ils étaient encore mouillés –, lavés de façon sommaire, dans des bacs de développement de photographies, et placés à sécher sur des fils accrochés entre deux parois. Ce processus était toutefois trop lent et, pour l’accélérer, on adopta la solution de déposer les livres dans des cellules à l’intérieur desquelles circulait de l’air réchauffé (voir ill. p. 37). Les bénévoles travaillaient à la chaîne, sur trois rotations de huit heures chacune, et traitaient une moyenne de 90 livres par jour. Il fut bientôt évident qu’une telle quantité de volumes ne pouvait être séchée par les moyens traditionnels qui, par ailleurs, avaient déjà été tous expérimentés, mais l’urgence de bloquer le développement des moisissures poussa Casamassima à donner suite à l’idée d’avoir recours aux fours de séchage des étoffes, adoptant ainsi le parti d’une intervention par la chaleur. « Sans la décision rapide, par le directeur de la bibliothèque, d’utiliser n’importe quel type de séchoir pour essuyer livres et revues trempés d’eau et de boue, nous ne contemplerions probablement aujourd’hui qu’une culture infinie de champignons et de moisissures »9.

Figure 4. Étuves de séchage. © et clichés
            Peter Waters
Figure 4. Figure 4. Étuves de séchage. © et clichés Peter Waters

De novembre à décembre 1966 furent donc déplacés, par au total 503 camions de l’armée, des livres vers des fours de séchage industriels. Environ 7 000 volumes anciens furent accueillis dans des laboratoires de restauration italiens, où, en plus du séchage, on procéda par la suite aux opérations de restauration. 70 000 volumes, pour la plupart de date récente, furent eux traités à Rome dans le quartier de l’EUR, au Palazzo della Civiltà del Lavoro. Après le séchage, les livres furent réunis sur les collines de Florence, au Fort du Belvédère, où l’on avait monté 12 km de rayonnages ; on y sélectionna environ 120 000 volumes parmi les plus anciens, pour les introduire dans un « système » qui représenta, de fait, la première tentative de planifier une restauration à vaste échelle dans le domaine des bibliothèques. Dans chaque volume était insérée une bandelette en papier avec les symboles qui décrivaient de façon imagée les conditions dans lesquelles se trouvait le livre et indiquaient les soins premiers et essentiels à lui apporter, de manière à rendre les communications rapides et compréhensibles même par un personnel hétérogène et parlant des langues diverses. Cette préparation fut confiée à Luigi Crocetti et Carla Bonanni, elle aussi bibliothécaire à la Nationale, en collaboration avec Anthony Cains, Peter Waters et Dorothy Cumpstey qui, envoyés par le British Museum, furent parmi les premiers experts qui arrivèrent à Florence, le 26 novembre déjà, immédiatement suivis par Roger Powell, Philip Smith et, ensuite, Christopher Clarkson, Sidney Morris Cockerell et d’autres encore. En effet, sans laisser perdre de temps, les aides internationales appelées par Casamassima s’étaient mobilisées, tandis qu’il se plaindra, dans une fameuse interview à Il Ponte 10, des retards de la bureaucratie ministérielle intervenue, qui plus est, en ordre dispersé. En particulier, deux comités furent spécifiquement constitués, l’anglais IAARF et l’américain CRIA11 : ils envoyèrent des relieurs et des experts, tout en fournissant une aide financière conséquente pour payer la main d’œuvre et acheter le matériel. Ce fut précisément l’équipe d’experts envoyée par le British Museum qui se chargea de mettre en route l’organisation pour la récupération du matériel et de former les bénévoles (en décembre 1966, ceux-ci étaient plus de 130), qui ignoraient toute notion de restauration et provoquaient de nombreux et « formidables problèmes logistiques inhérents à l’intervention sur le terrain d’une armée de jeunes »12.

Figure 5. Lungarno delle Grazie
            (coll. Archives photographiques de la Restauration, Bibliothèque
            des sciences technologiques [Architecture], Université de
            Florence). © et clichés Adriano Bartolozzi, Archives
            photographiques de la Restauration, Bibliothèque des sciences
            technologiques (Architecture), Université de Florence
Figure 5. Figure 5. Lungarno delle Grazie (coll. Archives photographiques de la Restauration, Bibliothèque des sciences technologiques [Architecture], Université de Florence). © et clichés Adriano Bartolozzi, Archives photographiques de la Restauration, Bibliothèque des sciences technologiques (Architecture), Université de Florence
Figure 6. Piazza Poggi vue de la Via dei
            Bastioni (coll. Archives photographiques de la Restauration,
            Bibliothèque des sciences technologiques [Architecture],
            Université de Florence). © et clichés Adriano Bartolozzi, Archives
            photographiques de la Restauration, Bibliothèque des sciences
            technologiques (Architecture), Université de Florence
Figure 6. Figure 6. Piazza Poggi vue de la Via dei Bastioni (coll. Archives photographiques de la Restauration, Bibliothèque des sciences technologiques [Architecture], Université de Florence). © et clichés Adriano Bartolozzi, Archives photographiques de la Restauration, Bibliothèque des sciences technologiques (Architecture), Université de Florence

Pour cette « armée », on mit en place une cantine dans les locaux de la salle de consultation et, bien avant que les institutions locales fassent la démarche, fut organisée une campagne de vaccination antityphoïdique et antitétanique, par la suite élargie à tout le quartier. En janvier 1967, la bibliothèque prit conscience de ne plus pouvoir continuer à utiliser du personnel sans assurance et prit ainsi contact avec la Coopérative LAT13, en réussissant à obtenir que celle-ci embauche les volontaires encore présents dans la bibliothèque, parmi lesquels se trouvaient les anciens ouvriers de la Brasserie Würer, fermée après l’inondation. En définitive, il faut reconnaître à Emanuele Casamassima – lors de circonstances dans lesquelles le simple fait de réfléchir s’avérait difficile – des qualités de lucidité et d’intelligence dans la mise en place du plan d’intervention, ainsi que la capacité de transformer « ce qui aurait pu facilement devenir une armée de loqueteux […] en une armée disciplinée »14.

La volonté ferme de sauvetage du patrimoine qui anima ces journées est bien incarnée par une affiche accrochée à une étagère de la salle de consultation où, en bas d’un petit poisson, était écrit : « Ce sont les étudiants qui m’ont trouvé, dimanche 13 novembre, dans les magasins, et si je ne suis pas mort, la Bibliothèque nationale ne mourra pas non plus ».

1.2. Une organisation dans l’urgence

Au printemps 1967, le laboratoire fut déplacé du Fort du Belvédère et de la centrale thermique, les premiers endroits improvisés, vers l’intérieur de la bibliothèque ; l’organisation du travail s’appuya sur le principe de la répartition, pour répondre aux exigences qui surgissaient au fur et à mesure de l’activité, « non pas en entier et tout armée comme Athéna dans le cerveau de Zeus, mais petit à petit »15.

La structure était articulée en divisions, chacune avec un seul secteur d’intervention, tant pour augmenter la productivité qu’à cause de la nécessité d’apprendre une seule opération à un personnel inexpérimenté. Dans la pratique, il s’agissait d’une sorte de travail à la chaîne, appelé « système » et organisé de la façon suivante : d’abord, spécification du cas, puis collation, démontage, opérations humides, retouches, collation finale, reliure ancienne et moderne, dorure et passage au cabinet chimique (voir ill. p. 32). À la tête du nouveau laboratoire se trouvaient Anthony Cains, pour la partie technique, et Luigi Crocetti, pour la partie bibliographique ; ils travaillaient côte à côte pour ce qui concerne les prescriptions finales et créèrent un exemple, atypique pour l’époque, de collaboration étroite entre bibliothécaires et techniciens, constamment engagés « dans une discussion ininterrompue sur les principes de la conservation et sur la cohérence entre ceux-ci et les techniques utilisées »16.

Figure 7. L’atelier de restauration installé
            dans la salle de lecture de la Bibliothèque nationale. © et
            clichés Peter Waters
Figure 7. Figure 7. L’atelier de restauration installé dans la salle de lecture de la Bibliothèque nationale. © et clichés Peter Waters

Les experts anglais sortaient de l’école de Douglas Cockerell, qui avait introduit pour la première fois dans le domaine de la reliure les concepts de stabilité et de durabilité, non seulement pour ce qui concerne les techniques de fabrication, mais aussi pour ce qui est des matériels, et qui s’était consacré à la recherche de structures de bonne conservation pour les nouvelles reliures, en partant de l’étude des anciennes. Ses recherches menèrent aussi à l’identification d’une reliure qui s’était avérée très résistante aux agressions du temps et à l’eau, sans adhésifs et tenue ensemble de façon mécanique uniquement par des encastrements, la « pergamena floscia » (le parchemin souple) que les Anglais remirent au goût du jour et qui devint la reliure caractéristique de Florence. L’intérêt pour la reconstitution de la fabrication des volumes, et donc l’attention portée aux composantes matérielles, dont l’étude fut d’autant plus favorisée par la nécessité de découdre les reliures de milliers de volumes, rejoint les propos déjà tenus auparavant par Casamassima, qui soutenait la nécessité de refaire les reliures en vue de la fonctionnalité et de la bonne conservation, et non de l’esthétique, « sauf celle inhérente à la correspondance de l’objet avec sa fonction »17.

Ces principes furent appliqués, là où il était impossible de reconstituer l’original, avec l’adoption de nouvelles reliures à couverture sobre, sans décorations ni fioritures, aux structures durables. Enfin, last but not least, chaque volume à restaurer, même s’il apparaissait sans intérêt particulier ou sans valeur esthétique, fut malgré tout traité en tant qu’unicum, du moment qu’il représentait un témoignage irremplaçable de son histoire. C’est aussi dans ce sens que fut réalisée une fiche de restauration – mise au point par le couple Peter et Sheila Waters et dont la « bandelette » utilisée au Fort du Belvédère avait été le premier pas –, laquelle enregistrait, pour chaque volume entré dans le cycle de restauration, la structure d’origine et les dégâts subis, ainsi que les prescriptions de matériels et de techniques, tout en s’articulant sur un parcours analytique rapide à suivre, au moment de la rédaction, et simple à consulter dans le futur, ceci aussi dans le but, d’une part de fixer ce moment particulier de l’histoire du document, et de vérifier d’autre part la réaction des matériels et techniques utilisés. Pour conclure, il vaut la peine de souligner qu’à Florence à cette époque s’était réuni le nec plus ultra, au niveau international, de la restauration en bibliothèque, en particulier celle que l’on pourrait appeler l’« école anglaise », née dans le sillage de cette lecture spécifique de l’histoire de l’artisanat que l’on doit à William Morris et au mouvement « Arts and Crafts », fondé par lui au Royaume-Uni à la fin du 19e siècle 18. Chaque acteur avait semé une petite graine de connaissances dont le potentiel ne se révéla que des années plus tard.

1.3. L’administration reprend la main

Telle était la situation à la fin des années soixante. Dès les premiers mois qui suivirent l’inondation, de fortes tensions étaient apparues entre la bureaucratie ministérielle, basée à Rome, et Emanuele Casamassima, des tensions qui allaient s’envenimer avec le temps, de sorte qu’en 1970, après avoir réussi un concours universitaire pour une chaire de paléographie, Casamassima donna sa démission de la direction de la bibliothèque. Luigi Crocetti et Anthony Cairns tinrent encore bon pendant deux ans, mais en 1972, eux aussi quittèrent la Nationale pour devenir respectivement, l’un le Surintendant bibliographique de la Région Toscane, l’autre le directeur du Conservation Department de la Trinity College Library de Dublin. En 1972, donc, de l’expérience florentine ne restait que la centaine de travailleurs réunis et organisés à l’intérieur de la Coopérative LAT. Pour les raisons précédemment évoquées – la nécessité de faire face rapidement à l’urgence imposée par les événements sur le matériel inondé et l’absence d’une quelconque formation de la part du personnel consacré à la restauration –, Cains et Crocetti avaient choisi une organisation du travail répartie en secteurs : le personnel avait été divisé en groupes et chaque groupe avait appris une petite partie de l’intervention de restauration. C’est pourquoi les personnes chargées des traitements par voie humide (lavages et désacidification) ignoraient les techniques de réparation des feuilles, qui étaient par ailleurs inconnues aussi de celles qui s’occupaient de la reliure. Si ce processus était compréhensible dans l’urgence de l’inondation, avec le temps il s’avéra un lourd handicap à la qualification professionnelle des employés de la Coopérative LAT, puisqu’aucun d’entre eux ne pouvait être considéré comme un restaurateur à part entière. Cette situation fut réparée, d’un point de vue administratif à tout le moins, par l’institution du ministère des Biens culturels et environnementaux (désormais dénommé Mbca) en 1975, par Giovanni Spadolini, homme d’État florentin. Les origines du nouveau ministre jouèrent en faveur du « laboratoire » de la Nationale, dont les employés furent tous répartis, par une sorte de décision « ope legis », dans l’administration publique, en mars 1976.

De quelle façon l’expérience de l’inondation florentine eut-elle des répercussions dans l’évolution de la restauration en bibliothèque en Italie? Jusqu’en 1966, la référence institutionnelle (et quasiment unique) dans ce domaine avait été l’Institut de pathologie du livre, à Rome, la « clinique du livre » selon l’heureuse définition (d’un point de vue médiatique) de son fondateur, Alfonso Gallo, lequel donna à cette institution une ample résonance, y compris internationale. Sans entrer dans une discussion sur le mérite du choix d’assimiler le livre à un organisme biologique, choix certainement discutable, la tentative de Gallo de fusionner sciences humaines et sciences de la nature en vue de la conservation fut sans aucun doute appréciable. Toutefois, si le projet était méritoire, ce ne fut pas le cas pour sa réalisation, tout d’abord à cause de la résistance chronique des chercheurs en sciences de la nature à se mettre concrètement au service de la conservation ; secondement, à cause de la césure nette qui sépara longtemps l’atelier de restauration19 des laboratoires de biologie et de chimie. En tout cas, l’Institut était une monade italienne, soi-disant glorieuse, et surtout – au moins pour ce qui concerne la restauration – refermée sur elle-même dans la conviction qu’à l’intérieur de ses murs se trouvaient les meilleurs restaurateurs au monde et qu’il n’existait pas de techniques alternatives aux leurs. Les choses devaient probablement en être ainsi, puisque le laboratoire s’était structuré autour d’un relieur artisanal qui, à son tour, avait formé ses confrères, tous dotés d’une culture qui ne dépassait pas la culture générale de base. Ces conditions initiales furent la cause qu’au cours de leur première visite aux laboratoires de la Nationale de Florence, les restaurateurs venus de Rome se trouvèrent devant une réalité pour eux déconcertante ; étonnés et, sans doute, effrayés par de nouvelles méthodes complètement inconnues, ils les exorcisèrent en en minimisant la portée. Toutefois, une fois rentrés à Rome, ils ne tardèrent pas à appliquer à leur propre travail certaines des techniques qu’ils avaient vues en action à Florence. Le processus fut long et contradictoire ; on considéra comme irrecevable l’approbation intégrale des méthodes florentines, mais d’un autre côté, la certitude qu’il n’y avait pas de vie en dehors des murs de l’Institut de pathologie du livre en fut heureusement affaiblie.

Un autre effet de l’inondation consista dans la sensibilisation de l’administration centrale aux problèmes de la conservation des livres. Compte tenu de la lenteur de réactivité caractérisant les appareils bureaucratiques, ceux-ci mirent quelques années à prendre des initiatives concrètes. Quoi qu’il en soit, au printemps 1973 fut publié un concours pour dix postes de chercheurs à l’Institut de pathologie du livre. Si l’on pense que jusqu’alors, le personnel se limitait à quatre diplômés universitaires, cette augmentation – de 250 % – était tout à fait inédite. Les diplômes requis étaient les suivants : biologie, chimie, physique, sciences et ingénierie. Ainsi, une fois achevées les procédures habituelles liées au concours, en septembre 1974, une cuvée de jeunes chercheurs, âgés (sauf deux qui avaient dépassé la trentaine) entre 25 et 30 ans, fit son entrée dans les laboratoires de l’Institut : tous étaient, de fait, des néophytes dans les matières auxquelles ils allaient se consacrer, mais ils faisaient preuve d’un enthousiasme et d’une envie de se mettre au travail qui – on peut le dire – bouleversèrent la vie de l’Institut, jusque-là tranquille, voire soporifique.

Nous pensons avoir assez bien mis en lumière la séparation qui existait entre Florence et Rome : la première représentait, avec toutes ses limites, la nouveauté qui mettait en discussion méthodes et formes, non seulement concernant la technique, mais aussi l’organisation de la restauration ; tout comme Rome réagissait face à cette nouveauté et défendait le passé auquel elle s’accrochait par tous les moyens. En 1974, huit ans après l’inondation, il n’y avait pas eu de changements : la Nationale, à Florence, était toujours perçue comme une tanière d’individus subversifs (aussi bien techniquement que politiquement), tandis que l’Institut de Rome était le « bras séculaire » du conservatisme ministériel. L’arrivée des jeunes chercheurs apporta des éléments qui vinrent bousculer les équilibres stables de l’époque précédente : en effet, deux d’entre eux établirent tout de suite des contacts avec les collègues florentins pour mieux comprendre le phénomène et, surtout, pour mettre en œuvre une action commune susceptible de remettre en question l’organisation, en Italie, de la conservation et de la restauration en bibliothèque. La création du Mbca se chargea du reste, de sorte qu’en 1976, à l’occasion du dixième anniversaire de l’inondation, le secteur était en pleine effervescence : les plus de cent chargés de restauration de la Nationale, les jeunes chercheurs de l’Institut romain, auxquels s’ajoutaient quelques dizaines de techniciens embauchés sur concours, eux aussi des « produits » de l’inondation, avaient multiplié de façon exponentielle le personnel affecté à la conservation et à la restauration du livre.

1.4. Une nouvelle culture de la restauration

Toutefois, pour les raisons précédemment exposées, la préparation de ce personnel demeurait objectivement défaillante : personne n’avait reçu une formation spécifique, puisqu’à la différence de l’Institut central de la restauration, il n’existait pas de lieux où l’on dispensât de manière structurée et organisée l’enseignement de la conservation en bibliothèque. Les cours de l’Institut de pathologie du livre étaient courts et superficiels, tendant plutôt à l’apprentissage des rudiments de la restauration qu’à la construction du parcours professionnel, fort complexe, du restaurateur de livres. Dans ce contexte, le département consacré à la formation du nouveau ministère demanda à l’Institut de pathologie du livre d’organiser une série de cours de remise à niveau pour le personnel récemment embauché. Le premier cycle se déroula à Rome, à l’automne 1976, au siège de l’Institut, et des restaurateurs romains et florentins y participèrent. Armando Petrucci, alors professeur de paléographie et de diplomatique à l’Université de Rome « La Sapienza », fut invité à faire un séminaire. Il faut préciser qu’à l’époque, la restauration considérée comme la plus importante était celle des manuscrits médiévaux et que le but majeur de l’intervention était la sauvegarde du texte écrit, auquel était subordonnée toute autre opération. Dans cette perspective, les paléographes jouaient un rôle-clé dans tout projet de restauration, et c’est à eux que l’on faisait appel chaque fois que les restaurateurs se trouvaient face à des choix problématiques. D’où la pertinence de demander à Petrucci de tenir un séminaire qu’il intitula « Quelques problèmes de restauration de produits graphiques manuscrits et imprimés ». Il parla de ses vingt ans d’expérience en tant que bibliothécaire de la Corsiniana, puis souhaita conclure son intervention avec les mots suivants :

« Le restaurateur doit assumer les responsabilités que lui donne sa propre culture, laquelle est vaste et possède sa cohérence propre. Il doit éviter de la rendre subalterne et abandonner cet asservissement culturel qui a fait son temps et doit être démasqué. Si vous me permettez l’emploi d’une expression désormais galvaudée : le roi est nu ! D’autre part, vous vous en êtes aperçus, jour après jour, dans votre travail, quand vous posez des questions ou proposez des choix, et que l’interlocuteur ne répond pas, se dérobe, fait semblant de maîtriser une connaissance qu’il ne possède pas. C’est vrai : moi, je ne sais pas répondre à beaucoup de vos questions »20.

Ces propos, passés presque inaperçus sur le moment, furent néanmoins à l’origine de la révolution qui, en quelques années, investit la restauration en bibliothèque en Italie (et au-delà), à partir du moment où, en restituant (mieux, en attribuant) aux restaurateurs le contrôle de leur propre activité, les équilibres du système furent radicalement modifiés. Comme nous venons de l’évoquer, tout ce qui suivit l’inondation florentine continua à exercer, dans le temps, une influence sur la conservation dans le domaine des bibliothèques ; tant et si bien que, quatorze ans après, à Bologne, grâce à l’Institut pour le patrimoine culturel de la Région Émilie-Romagne – en réalité de par l’initiative du bibliothécaire bolonais Nazzareno Pisauri, qui fut l’un des premiers à accourir à Florence en novembre 1966 – fut organisée une journée de séminaire à laquelle furent conviés certains des protagonistes de l’opération qui suivit l’inondation florentine, au premier rang desquels Emanuele Casamassima. Nous sommes d’avis que la date du séminaire de Bologne a coïncidé avec la naissance du mouvement à l’origine de la métamorphose de la restauration en bibliothèque ; aussi n’est-il pas inapproprié d’affirmer que, si les racines d’un tel mouvement se trouvent à Florence, son développement fut sans aucun doute favorisé par la déclaration d’inadéquation exprimée par Armando Petrucci quelques années auparavant. Du reste, le titre du volume réunissant les contributions de la rencontre de Bologne est assez éloquent : autrefois, personne n’aurait osé dire que la conservation en bibliothèque devait aller « au-delà du texte »21, puisque la sauvegarde de ce dernier représentait le seul objectif réel. Évidemment, dans la mesure où un recueil de papier privé de texte n’est pas un livre, ce dernier demeure la composante primaire du livre en tant que bien culturel ; toutefois, à Bologne, l’on « découvrit » que sa fonction par rapport à la conservation était strictement accessoire. La conservation, et par conséquent – comme nous allons l’expliquer par la suite – la restauration, n’agissent que sur les matériaux et les structures du livre. Ce ne sont donc qu’eux qui intéressent le restaurateur, pour lequel la fonction du texte ne va pas au-delà de la situation historique de l’objet-livre. L’étude historique des matériaux et des structures du livre, ancien, moderne et contemporain, s’appelle « archéologie du livre », une discipline née à l’intérieur de l’école paléographique franco-belge, au milieu du 20e siècle. Il arrivait, et parfois il arrive encore, que « codicologie » et « archéologie du livre » soient entendues comme des synonymes22 ; nous considérons, au contraire, que la première prend en considération le livre manuscrit (notamment le livre médiéval) dans toutes ses composantes, matérielles et textuelles, tandis que la seconde étudie la connaissance historique des matériels et des techniques utilisés dans la fabrication du livre ancien, moderne et contemporain, en interprétant le mot « archéologie » essentiellement en tant qu’histoire de la culture matérielle. Si la codicologie continue d’être pratiquée surtout par les paléographes, l’archéologie du livre a trouvé un nouvel essor dans le domaine de la conservation. Les restaurateurs, en effet, ne peuvent pas laisser de côté la connaissance analytique des matériaux et des structures du livre, l’histoire de leur comportement au travers des processus de dégradation et, par conséquent, les opérations à effectuer, jour après jour, pour contrer le développement de ces processus. Le trait d’union entre tout ceci et l’inondation florentine est le volume, déjà évoqué, Oltre il testo, où furent publiés deux articles qui, l’un de façon explicite23, l’autre plus implicitement24, relient étroitement la conservation à la connaissance des composantes matérielles du livre. Leur étude, indispensable pour toute intervention consciente sur celles-ci, a amené à reconnaître l’importance de l’histoire de leur fabrication, dont la reconstitution ne peut se faire qu’à travers l’analyse des originaux. Tout ceci a fait progresser la sensibilité générale des restaurateurs en orientant chaque intervention vers la sauvegarde des informations matérielles dont tout livre, ancien et moderne, est un témoin et un véhicule. En somme, par le passé et pendant des siècles, l’objectif de la restauration en bibliothèque a été de restituer fonctionnalité, voire – pire – solidité et robustesse au livre, en favorisant à tout prix la lecture du texte et en ayant comme seuls référents scientifiques ceux qui étudient les formes et les contenus du texte lui-même (philologues, paléographes, historiens de l’enluminure et de la décoration des livres). Aujourd’hui, le but fondamental de la restauration (et de la conservation en général) consiste à sauvegarder le pourcentage le plus élevé possible d’informations contenues dans les matériels et dans les structures qui constituent le livre (et, bien évidemment, le document d’archive), en reconnaissant celui-ci comme « témoignage matériel ayant valeur de civilisation »25 – mettant ce faisant en acte les mesures qui permettent une meilleure lecture desdites informations pour les contemporains et les générations futures, sans introduire d’éléments susceptibles d’empêcher ou de fausser une telle lecture. Dans la pratique, cela se traduit par le fait que l’on procède à la restauration uniquement quand l’état du livre peut mettre en danger la conservation des informations matérielles (auxquelles, cela va de soi, sont liées les informations textuelles). La conséquence en est la réduction drastique des interventions invasives et la limitation maximale de l’altération des composantes d’origine que la restauration suppose inévitablement. Toutefois, en même temps, pour garantir la lecture des informations transmises par le livre, il est indispensable de lui rendre une efficacité structurelle qui permette et facilite cette lecture, tout en évitant les tentations palingénésiques, par ailleurs privées de signification et historiquement erronées. Un dernier élément, qui n’est pas à négliger, est représenté par l’impératif de fournir une documentation précise de l’intervention, en en décrivant les modalités, les techniques et les matériels utilisés, sans oublier de joindre cette description au volume restauré, afin qu’elle puisse dorénavant l’accompagner et être accessible lors de la consultation du livre par les futurs usagers.

Il ressort des souvenirs et réflexions développés dans cet article que l’Institut de pathologie du livre et la Bibliothèque nationale de Florence ont été, pendant de nombreuses années, les seuls protagonistes sur la scène italienne de la conservation et de la restauration en bibliothèque. Aujourd’hui, l’Institut de pathologie du livre n’existe plus et il a été remplacé par l’Institut central pour la restauration et la conservation du patrimoine d’archives et de bibliothèques (ICRCPAL, Istituto Centrale per il Restauro e la Conservazione del Patrimonio Archivistico e Librario), fusion froide et mal aboutie entre le Centre de photo-reproductions, reliure et restauration des Archives d’État et l’Institut de pathologie du livre. Il porte en lui la confusion engendrée par une dénomination dans laquelle la restauration précède la conservation, dont au contraire elle ne devrait être qu’une composante, de surcroît secondaire. Le laboratoire florentin, quant à lui, présente un organigramme sévèrement réduit et ne réalise les actions qui lui sont propres qu’avec de grandes difficultés. Dans tous les cas, il semble évident que ces deux institutions ne sont plus en mesure d’assurer le rôle de référence nationale et internationale qu’elles ont eu jadis. Néanmoins, pour conclure, nous dirons que derrière chaque mal se cache un bien : l’évolution professionnelle, reconnue, des restaurateurs – qui s’est réalisée ces dernières décennies, propulsée aussi par les événements que nous venons de relater – a consolidé l’autonomie du secteur et amélioré la qualité des professionnels de ce domaine, qui sont capables de faire des choix autonomes de plus en plus conscients. Nous sommes certains que grâce à eux il sera encore possible d’assurer, malgré tout, la sauvegarde du patrimoine des bibliothèques de notre pays.

Notes
1.

Réflexions adressées au grand-duc Pietro Leopoldo di Toscana par Giovanni Targioni Tozzetti (1712-1783), préfet de la Bibliothèque Magliabechiana de 1739 à sa mort : Disamina di alcuni progetti fatti nel secolo XVI per salvar Firenze dalle inondazioni dell’Arno, Firenze, Cambiagi, 1767, p. 8

2.

Targioni Tozzetti, ibidem

3.

Luigi Crocetti et Anthony Cains, « Un’esperienza di cooperazione », in La cooperazione internazionale per la conservazione del libro. Atti del Convegno, Bollettino dell’Istituto di patologia del libro, 29, 1970, 1-4, p. 27-49, ici p. 28

4.

D’après le directeur de l’époque, Domenico Fava, ce choix, qui par ailleurs ne l’inquiéta pas plus que cela, fut déterminé par le fait qu’en 1933, quand la construction de l’immeuble était pratiquement achevée, le Génie civil avait déjà monté 18 km de rayonnages métalliques pour accueillir les fonds historiques, sans tenir compte du fait que les dimensions des grands formats ne permettaient pas leur rangement sur des étagères larges de 26 cm. L’espace dans les magasins était désormais saturé et on fut obligé de se replier dans les sous-sols, en réalisant 1 500 mètres de rayonnages supplémentaires de 45 cm, pour y placer les 25 000 grands formats extraits de leurs fonds respectifs.

5.

Un tiers du patrimoine de la Bibliothèque nationale, qui s’élevait alors à trois millions de livres, fut frappé, en plus des catalogues, des équipements, de l’ameublement et autres installations. D’après la Relazione sulla BNCF del 4 febbraio 1967, signée par Casamassima : « Matériel de bibliothèque : endommagées environ 1 200 000 unités bibliographiques, parmi lesquelles : 300 000 livres (collection Magliabechiana, collection de grands formats Magliabechiani et Palatini, œuvres modernes, doubles) ; environ 20 000 titres de magazines et journaux (pour environ 400 000 volumes) ; environ 10 000 revues (pour environ 60 000 volumes) ; la collection des mélanges (19 000 boîtes pour environ 400 000 pièces, opuscules et tirés à part) ; la collection des thèses françaises et allemandes (environ 50 000 volumes) ; la collection des affiches. Catalogues et inventaires : tous les catalogues sont gravement endommagés, tant ceux en volumes que ceux en fiches, ainsi que les inventaires ; il s’agit d’un total d’environ 8 millions de fiches ». Et il continue avec la liste des dégâts concernant « Autres matériels et installations » et « Dégâts au bâtiment et aux fenêtres » (E. Casamassima, « Relazione sulla BNCF del 4 febbraio 1967 », in BNCF, AS n. 1300, dactylographié).

6.

Crocetti-Cains, op. cit., p. 28

7.

Ivaldo Baglioni, bibliothécaire adjoint, et Alfiero Manetti, assistant de la salle des périodiques.

8.

« Dans les sous-sols de la bibliothèque, à la chaîne, presque dans le noir, en trébuchant, nous ramenions au sec, pour ainsi dire, des paquets malodorants, gorgés d’eau, de boue et de fioul […] nous voyions des feuilles imprimées collées aux plafonds, des étagères tordues, des meubles éventrés […] nous nous déplacions, avec nos habits inadaptés, dans cet univers de froid intense, de puanteur, de projections de gadoue », raconte Sergio Marchini (un « ange de la boue » devenu employé de la Bibliothèque), « Periodici nel fango », in Biblioteche oggi, 14, 1996, 10, p. 23.

9.

Crocetti-Cains, op. cit., p. 28

10.

« La Biblioteca Nazionale. Intervista con il Direttore Emanuele Casamassima », in Il Ponte, 22, 1966, 11-12 [Numéro spécial, Firenze perché], p. 1405-1411

11.

Le « Committee to Rescue Italian Art » (CRIA) américain et l’« Italian Art and Archive Rescue Fund » (IAARF) anglais.

12.

Elisa Di Renzo, Una biblioteca, un’alluvione. Il 4 novembre alla Nazionale di Firenze : storia di un’emergenza, Roma, AIB, 2009, p. 31

13.

Acronyme de « Lavoratori Addetti al Traffico », coopérative en charge du ménage des trains, qui se trouvait, à l’époque, en pleine dissolution.

14.

Di Renzo, op. cit., p. 30

15.

Crocetti-Cains, op. cit., p. 28

16.

Crocetti-Cains, op. cit., p. 46

17.

Emanuele Casamassima, « Nota sul restauro delle legature », in Bollettino AIB, 3, 1957, 1-2, p. 13-21, ici p. 21

18.

« We can say a little more that the only work of art which surpasses a complete medieval book is a complete medieval building » (W. Morris, « On the Woodcuts of Gothic Books », in The Times, 25th January 1892).

19.

« La nécessité s’imposait d’appeler à collaborer, suivant un principe de coordination rigoureuse, des biologistes, des chimistes, des physiciens, des techniciens. Le laboratoire de restauration endossait la fonction d’un atelier d’exécution, dernière étape du chemin attribué au livre par les mesures attentionnées de spécialistes » (A. Gallo, « Decennale », in Bollettino dell’Istituto di patologia del libro, 7, 1948, p. 1-16, ici p. 4). Il est évident que, dans la conception du fondateur de l’Institut de pathologie du livre, la restauration des ouvrages ne pouvait dépasser le rôle d’activité d’exécution, en tous les cas privée d’une quelconque autonomie scientifique.

20.

La version écrite du séminaire d’Armando Petrucci n’a jamais été publiée. On y fait référence dans un petit volume, édité par Luisa Miglio (Lettere per Armando Petrucci, Spoleto, Fondazione Centro italiano di studi sull’alto medioevo, 2012) et dans lequel, à l’occasion du 80e anniversaire de Petrucci, ont été réunies les lettres que lui avaient adressées certains de ses amis. L’extrait cité se trouve à la p. 5.

21.

Rosaria Campioni (éd.), Oltre il testo. Unità e strutture nella conservazione e nel restauro di libri e documenti, Bologna, Istituto per i beni artistici, culturali, naturali della Regione Emilia-Romagna, 1981

22.

Albert Gruijs, « Codicology or the Archaeology of the book? A false dilemma », in Quaerendo, II, 1972, 2, p. 87-108

23.

Carlo Federici, « Archeologia del libro, conservazione, restauro ed altro. Appunti per un dibattito », in Oltre il testo, op. cit., p. 13-20

24.

Gisella Guasti et Libero Rossi, « Una proposta di lavoro: il prontuario », in Oltre il testo, op. cit., p. 21-28

25.

En 1964, le ministère de l’Éducation nationale institua une commission parlementaire chargée de réaliser une enquête sur la conservation et la mise en valeur du patrimoine historique, archéologique, artistique et environnemental, présidée par le député Francesco Franceschini (1908-1987). Cette commission œuvra jusqu’en 1967 et les actes, les documents et les autres textes produits par celle-ci furent réunis en trois volumes intitulés Per la salvezza dei beni culturali in Italia, Roma, Colombo, 1967. La première déclaration, dans laquelle on donne la définition du patrimoine culturel italien, est la suivante : « Appartiennent au patrimoine culturel de la nation tous les biens ayant trait à l’histoire de la civilisation. Sont soumis à la loi les biens qui relèvent de l’intérêt archéologique, historique, artistique, environnemental et paysager, archivistique et bibliothécaire, et tout autre bien qui constitue un témoignage matériel ayant valeur de civilisation ». La phrase citée dans le texte correspond à la fin de cette définition. Soit dit en passant, on peut noter la coïncidence chronologique entre les travaux de la commission Franceschini et l’inondation florentine, coïncidence qui du reste ne peut être considérée comme le fruit du hasard.