Christoph Schmälzle

1.

acteurs de savoircatégorie socialebourgeoisie acteurs de savoircommunautéfamille construction des savoirstraditionmémoire espaces savantslieumaison Johann Wolfgang von Goethe séjourna au long de sa vie dans de nombreux endroits, mais trois maisons sont devenues des lieux de mémoire et par la suite des institutions mémorielles : la première qu’il faut mentionner est la maison de ses parents à Francfort-sur-le-Main, au Hirschgraben. C’est là qu’il vit le jour en 1749 et qu’il vécut l’époque où son père transforma la demeure en 1755/56, puis la baptisa « aux trois lyres » (Haus mit den drei Leiern)1. La première maison dont Goethe fut propriétaire et grâce à laquelle il obtint le droit de bourgeoisie à Weimar fut le pavillon dans le parc près de la rivière Ilm2 (son « Gartenhaus »). À partir de 1782, il loua des espaces dans un bâtiment baroque cossu des environs du « Frauentor » (porte Notre-Dame), que Karl August finalement acheta pour lui en 1792 3. Goethe résida dans cette « maison du Frauenplan » (place Notre-Dame) jusqu’à sa mort le 22 mars 1832, tout en gardant son idyllique pavillon de l’autre côté de l’Ilm.

espaces savantslieumusée acteurs de savoircommunautéinstitution acteurs de savoirprofessionécrivainLa place qu’occupèrent cette maison de Francfort et plus encore celles de Weimar est prépondérante si on les compare à d’autres « maisons de Goethe » comme la Casa di Goethe à Rome, la petite maison sur le Kickelhahn ou encore le pavillon de chasse de Gabelbach, tous des lieux « authentiques » qui marquèrent de leur empreinte la vie et l’œuvre de l’écrivain, mais de peu d’importance du point de vue institutionnel ou muséal. L’appartement de la Via del Corso à Rome, où Goethe logea avec son ami le peintre Johann Heinrich Wilhelm Tischbein entre 1786 et 1788, ne devint un musée qu’en 1997 4. La petite maison sur le Kickelhahn, où Goethe composa dans la nuit du 7 septembre 1780 le poème « Über allen Gipfeln ist Ruh », disparut totalement dans un incendie en 1870. On la reconstruisit à l’identique en 1874. Dans le pavillon de chasse de Gabelbach, on peut encore en voir une porte d’origine qui fut mise à l’abri avant l’incendie5.

typologie des savoirsdisciplinessciences formelles et expérimentalessciences de la vie et de l’environnementsciences de la vie par type d’organismes espaces savantslieubureau espaces savantslieuatelier espaces savantslieumusée construction des savoirsvalidationtémoignageLes demeures dont il va être question ici portent témoignage de phases prolongées de la vie du poète. Elles furent très consciemment agencées par lui ou par son père, puis transformées en musées dès le 19e siècle. Goethe passa plus de la moitié de sa vie dans la maison du Frauenplan à Weimar. Inspiré par son voyage en Italie, il fit transformer le bâtiment entre 1792 et 1795 6 ; contrastant avec des pièces d’apparat en façade, il y avait côté jardin les pièces consacrées à son travail, l’atelier du poète : la bibliothèque, le cabinet de travail, la chambre à coucher ainsi que le bureau et le logement de service permettaient à Goethe la conduite efficace de son « intendance » (Hauscanzlei). Déjà de son vivant, la maison du Frauenplan était devenue une sorte de musée autobiographique7. Il y avait là ses manuscrits et sa correspondance, mais aussi ses considérables collections qui concernaient les arts et les sciences naturelles, logées dans des armoires spécialement conçues pour elles8.

1.1. Les honneurs rendus de son vivant

espaces savantslieumaisonContrairement à Schiller, décédé prématurément, Goethe se vit non seulement canonisé « écrivain classique » de son vivant, mais il vit aussi les endroits où il avait vécu et œuvré devenir objets d’un intérêt touristique croissant. Dès 1777, dans une lettre à Johann Heinrich Merck, Wieland parlait avec ironie de la maison natale de Goethe en la nommant « casa santa »9. Il ne se doutait pas qu’au 19e siècle, on allait réellement entreprendre des pèlerinages sur les traces des poètes et en collectionner pieusement les reliques10. Jusqu’à son déménagement dans un logement plus petit au « Ross-markt » en 1795, la mère de Goethe n’a cessé de recevoir des visiteurs dans la « maison aux trois lyres »11. En témoigne l’anecdote, rapidement populaire, concernant deux princesses de Mecklenburg, Luise et Friederike, qui en 1790, oubliant toute étiquette, pompèrent de l’eau dans la cour et sous les yeux de « madame la conseillère Goethe »12.

pratiques savantespratique artistiquepeinture inscription des savoirsvisualisationimagedessin construction des savoirstraditionmémoire pratiques savantespratique artistiquelittératureAvec la rédaction, en 1811, de la première partie de ses souvenirs (Ma vie. Poésie et vérité), Goethe avait dressé un monument littéraire à son enfance à Francfort. Sa maison parentale au Hirschgraben devint à partir de là un authentique lieu de mémoire, en même temps que le théâtre d’une autobiographie13 sublimée par un travail de littérature. Témoin de cet intérêt pour les conditions matérielles de la vie de Goethe, la plus ancienne représentation de sa maison natale parut en 1824 dans le Journal für Literatur, Kunst, Luxus und Mode de Friedrich Justin Bertuch, accompagnée d’un sonnet de type panégyrique de Stephan Schütze 14. Le dessin « d’après nature » avait été réalisé par le peintre Friedrich Wilhelm Delkeskamp, de Francfort 15 (voir ill. p. 24). Un an plus tard, le peintre de paysages Samuel Rösel envoya à Goethe pour son anniversaire un dessin de la cour au puits de Francfort, en même temps que douze tirages à l’aquatinte16 (voir ill. ci-contre). Suivirent d’autres représentations ayant trait à la vie et à l’œuvre de l’écrivain, dont le château de Götz de Berlichingen à Jaxthausen, la maison natale de Torquato Tasso ou la maison du Frauenplan17. Goethe remercia Rösel en 1827 en lui offrant un poème de circonstance18. Il offrit l’une des aquatintes à Friedrich Maximilian Klinger avec le poème « An diesem Brunnen hast auch Du gespielt »19. Friederike von Mecklenburg, devenue reine du Hanovre par son troisième mariage, reçut elle aussi l’une de ces gravures.

Figure 1. Friedrich Wilhelm Delkeskamp, La
            maison parentale de Goethe sur le Großer Hirschgraben à
            Francfort-sur-le-Main, dessin à la plume aquarellé, 1824
            (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung
            Weimar
Figure 1. Figure 1. Friedrich Wilhelm Delkeskamp, La maison parentale de Goethe sur le Großer Hirschgraben à Francfort-sur-le-Main, dessin à la plume aquarellé, 1824 (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung Weimar
Figure 2. Johann Gottlieb Samuel Rösel, La
            fontaine dite des princesses, dans la cour de la maison des
            parents de Goethe à Francfort, dessin à la plume, 1823
            (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung
            Weimar
Figure 2. Figure 2. Johann Gottlieb Samuel Rösel, La fontaine dite des princesses, dans la cour de la maison des parents de Goethe à Francfort, dessin à la plume, 1823 (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung Weimar

acteurs de savoirprofessionéditeurLa commercialisation de ce matériel pictural ne tarda pas : dès 1828, les marchands d’art Morasch et Skerl de Dresde publièrent des vues du « Gartenhaus » (le pavillon dans le parc de l’Ilm) ainsi que de la maison du Frauenplan (voir ill. p. 28), d’après des originaux d’Otto Wagner 20. À la demande de l’éditeur, Goethe y ajouta des poèmes que l’on imprima en fac-similé sur les feuillets21. Il faut dire que le quatrain consacré à sa maison offrait du maître des lieux une image plus amène que celle qu’il pouvait être capable de donner à cette époque, en raison de sa forte charge de travail. « Pourquoi attendez-vous ici ? / Vous avez là porte et portail. / Si vous entriez simplement, / Vous seriez bien accueillis ». De même pour le « Gartenhaus », encore dépourvu de ses portes blanches créées en 1830 par Clemens Wenzeslaus Coudray : « Elle ne paie pas de mine, / Cette modeste chaumine, / Mais quiconque y a vécu, / Du bon temps y a connu ». Les images publiées d’après Delkeskamp et Wagner expriment par ailleurs clairement le but d’attirer des touristes : on y voit toujours un personnage jouant les utilités en désignant du geste la maison de Goethe en tant que « la chose à voir ».

Figure 3. Ludwig Schütze d’après Otto
            Wagner, ,
            aquatinte, 1828 (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés
            Klassik Stiftung Weimar
Figure 3. Figure 3. Ludwig Schütze d’après Otto Wagner, Le « Gartenhaus » de Goethe, aquatinte, 1828 (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung Weimar
Figure 4. Ludwig Schütze d’après Otto
            Wagner, ,
            aquatinte, 1828 (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés
            Klassik Stiftung Weimar
Figure 4. Figure 4. Ludwig Schütze d’après Otto Wagner, La maison de Goethe à Weimar, aquatinte, 1828 (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung Weimar

1.2. Objets mémoriels privés

espaces savantslieubureau construction des savoirstraditionpatrimoine matériel acteurs de savoircommunautéfamille espaces savantslieumuséeIl ne va pas de soi que les lieux habités par un poète, que ses meubles et ses objets d’usage courant soient sortis, après son décès, d’un éventuel circuit commercial et deviennent des objets de musée. La transformation d’objets utilisés dans la vie pratique en objets à valeur « symbolique » nécessite un cadrage institutionnel qui ne s’est construit qu’au cours du 19e siècle 22. C’est ainsi que Goethe déplora en 1795 la vente de la maison de ses parents et de son contenu ; mais il ne garda que peu de choses des riches collections de son père, parmi lesquelles les plans relatifs à la transformation de la demeure en 1755/56 23. Sa joie n’en fut que plus grande lorsque le frère de Luise et Friederike, Georg von Mecklenburg, lui offrit pour son anniversaire24 en 1828 l’horloge de ses parents, restée jusque-là à Francfort. Aujourd’hui encore celle-ci orne le vestibule de son cabinet de travail, dans la maison du Frauenplan, en tant que souvenir de l’enfance du poète.

matérialité des savoirsmobilier inscription des savoirslivremanuscrit espaces savantslieumaison inscription des savoirsvisualisationimagedessin construction des savoirstraditionmémoireMême lorsqu’elle eut d’autres propriétaires, la demeure parentale de Goethe resta un lieu de mémoire important. En 1829, le peintre Caroline Bardua dessina « d’après nature » la mansarde où Goethe, croyait-on, aimait se tenir durant sa vie d’écolier (voir ill. p. 27) 25. Comme ce dessin, légèrement modifié, servit de frontispice au livre de Bettina von Arnim, Correspondance de Goethe avec une enfant, il atteignit un large public. La chambre que Goethe occupait réellement ne fut identifiée que plus tard. À partir de 1840, il y eut dans cette chambre dessinée par Bardua un livre d’or. En 1844, on posa une plaque de marbre au-dessus de la porte d’entrée de la maison, la désignant comme maison natale de Goethe 26. Le lieu de mémoire privée était équipé de la même façon que ce qu’on connaît pour les maisons de Schiller à la même époque : un buste, quelques manuscrits, un coin de travail avec des meubles, authentiques dans la mesure du possible, et un livre d’or27.

Figure 5. Caroline Bardua,  dessin à la plume, 1829
            (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung
            Weimar
Figure 5. Figure 5. Caroline Bardua, La chambre de Goethe dans la maison paternelle à Francfort, dessin à la plume, 1829 (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung Weimar
inscription des savoirsvisualisationimagedessin matérialité des savoirsmobilierpupitre inscription des savoirslivre« Il y avait là encore le pupitre peint en blanc de Wolfgang, des chaises à l’ancienne, des dessins et quelques autographes du poète sous verre et encadrés. Un buste plus grand que nature de Goethe, la tête ornée d’une couronne de laurier véritable, était placé sur la table. Devant le buste se tenait, ouvert, le livre couvert de maroquin rouge dans lequel les visiteurs de la chambre de Goethe ont l’habitude d’inscrire leur nom »28.

construction des savoirstraditiontransmission construction des savoirstraditionhéritage construction des savoirstraditionpatrimonialisation acteurs de savoircommunautéfamilleÀ Weimar, les choses étaient différentes car après la mort de Goethe, la famille continua d’occuper la maison du Frauenplan. Par ailleurs, celui-ci avait pris des précautions quant à la conservation de ses collections, dont il connaissait l’importance et la valeur : « mes manuscrits, mes échanges épistolaires, mes collections quelles qu’elles soient, valent qu’on s’en occupe sérieusement […] Si j’ai collectionné, ce n’est pas par lubie ou par impulsion, mais avec l’intention et le sérieux projet de progresser dans mes connaissances, et à chaque objet recueilli j’ai appris quelque chose »29 Alors que Goethe et ses héritiers pouvaient imaginer une vente séparée des collections, en dehors des murs et du mobilier, le public, lui, commençait à penser que la maison du Frauenplan formait un tout avec ce qu’elle contenait et qu’il fallait donc conserver l’ensemble. C’est dans cette intention que le grand-duc héritier Carl Alexander écrivit en 1843 au petit-fils de Goethe, Wolfgang :

« Le plus important, à côté des collections de ton grand-père, c’est de considérer le lieu qui est là comme une sorte de saint des saints au milieu du bâtiment et des trésors qu’il renferme, ce lieu où régnait son esprit immortel, ce lieu rempli plus que tous les autres de son souvenir […] Je veux parler de la pièce où il travaillait et de la chambre à coucher contiguë »30.

espaces savantslieubibliothèque inscription des savoirsgenre éditorialcatalogue inscription des savoirsgenre éditorialinventaireDès 1832, on dressa l’inventaire des objets présents dans ces pièces où Goethe travaillait et où il mourut31. Contrairement aux autres pièces de la maison, celles-ci ne furent plus utilisées32. Sur le souhait de Walther von Goethe, elles furent même fermées au public en 1840 33. Ni la prise en charge du bâtiment et de son contenu par le « Deutscher Bund » en tant que « fondation nationale », ni la vente des collections dont Christian Schuchardt dressa à cet effet le catalogue en 1848/49 34 ne se réalisèrent. Dans le même temps, il y eut des projets alternatifs. Robert Springer illustra en 1868 son livre Weimars klassische Stätten par une vue du « Gartenhaus » de Goethe, alors que la maison du Frauenplan n’était même pas mentionnée dans le sommaire35. Des tableaux comme celui, posthume, de Joseph Schmeller représentant Goethe en train de dicter, qui se trouve depuis 1840 dans la salle rococo de la bibliothèque grand-ducale, ou la lithographie de Carl August Bernhard von Arnswald intitulée « Le cabinet d’études de Goethe » (voir ill. ci-contre) devinrent très célèbres en tant que substituts de l’original36. Ils montrent ce qui pendant presque un demi-siècle, au désespoir des admirateurs de Goethe, ne pouvait être vu dans des conditions normales : le cœur même de la maison où vécut l’écrivain.

Figure 6. Carl August Bernhard von Arnswald,
            Le cabinet d’études de Goethe, lithographie coloriée, vers 1849
            (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung
            Weimar
Figure 6. Figure 6. Carl August Bernhard von Arnswald, Le cabinet d’études de Goethe, lithographie coloriée, vers 1849 (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung Weimar

1.3. Muséification

construction des savoirstraditionmémoire espaces savantslieuarchives construction des savoirséducation pratiques savantespratique artistiquelittératureAu corpus canonique de la littérature nationale allemande, tel que l’établirent du point de vue académique des historiens de la littérature comme Georg Gottfried Gervinus, Joseph Hillebrand ou Hermann Hettner au milieu du 19e siècle, ne correspondait à cette époque aucune collection muséale spécialisée. C’est à cette lacune que répondaient les lieux de mémoire dans les maisons de poètes qui apparurent alors et étaient en général le fruit d’initiatives privées, et qui réunissaient des fonds d’archives, de bibliothèques et d’objets en relation avec des personnes37. Le culte qu’on rendait aux « classiques » trouvait une résonance politique dans la nation non encore fondée, dont l’unité n’était encore que culturelle, si bien qu’on y apportait en règle générale beaucoup d’attention et que les soutiens ne manquaient pas. La construction d’un bon réseau ferroviaire mit ces « maisons » à la portée d’un large public38.

Un exemple illustre cette dynamique : lors de l’année Schiller 1859, à l’initiative d’Otto Volger, fut créée à Francfort la « Freie Deutsche Hochstift für Wissenschaft, Künste und allgemeine Bildung » (Haute fondation pour la science, les arts et la culture générale). En y mettant toute son énergie, Volger était parvenu en 1863 à acquérir la maison natale de Goethe dont il voulait faire un « lieu de fondation » (Stiftungsort) pour la soustraire au marché immobilier et pouvoir la conserver de manière durable39. Dorénavant le bâtiment devait servir deux buts bien définis : devenir un sanctuaire national de la mémoire goethéenne et un endroit consacré aux arts et à la science40. Bien avant l’écrit de Dilthey 41 sur la nécessité d’avoir des archives littéraires, Volger avait envisagé ce rôle pour la Haute fondation :

pratiques savantespratique artistiquepoésie inscription des savoirslivretexte acteurs de savoirprofessionchercheur« Que parviennent à la postérité et soient conservés dans sa maison parentale pour être à la disposition de la recherche scientifique toutes les éditions de tous les écrits de Goethe, depuis les textes et poèmes isolés jusqu’aux œuvres complètes, tous les écrits concernant Goethe et ses œuvres, tous ses échanges épistolaires avec ses amis, les manuscrits et les portraits de Goethe, de sa famille et de ses amis »42.

espaces savantslieumuséeEn même temps, il fallait s’occuper du bâtiment lui-même et enlever les traces des transformations qui avaient affecté la maison de Goethe 43. Pour la Haute fondation, la mission de collecter des objets devint pressante car pour pouvoir installer les locaux destinés à devenir le musée, pour en faire des lieux authentiques du point de vue historique, on manquait de matériel si possible d’origine, comme Volger l’expliquait dans une lettre en 1879 :

espaces savantslieumaison« Je ne veux pas seulement conserver la maison, mais aussi y remettre peu à peu les objets adéquats. Evidemment il faudra privilégier les choses ayant réellement appartenu à madame la conseillère ou à Goethe lui-même. Celles-ci ne pouvant suffire, je complèterai par des objets correspondant à l’époque mais provenant d’ailleurs »44.

construction des savoirstraditionhéritageLe travail efficace de la Haute fondation fit parler d’elle à Weimar. Dans les années 1880/81, le grand-duc Carl Alexander discuta avec Otto Volger d’un projet de prise en charge commune des maisons Goethe de Francfort et de Weimar, mais le projet échoua face à l’habituel scepticisme des héritiers, et aussi parce que la réélection de Volger comme président de la Haute fondation ne se fit pas45. À la mort en 1885 du dernier héritier de Goethe, Walther, l’héritage entier, conservé pendant des décennies sur le Frauenplan, revint par disposition testamentaire au Grand-duché, ce qui permit à Carl Alexander de créer la même année le Musée national Goethe (Goethe-Nationalmuseum)46.

espaces savantslieumuséeLors de l’installation du musée qui ouvrit en deux étapes en 1886/87, on reconstitua du mieux qu’on put l’état des pièces d’habitation, en même temps qu’on dut effectuer des réparations indispensables sur le bâtiment lui-même. Il fallait également mettre au point des stratégies adaptées pour la présentation muséale de la collection et des objets de mémoire biographiques. Carl Ruland, qui fut le premier directeur du Goethe-Nationalmuseum, opta pour une solution intermédiaire, entre musée et demeure de poète. Il fit construire de nombreuses vitrines qu’on disposa dans les pièces historiques en façade, ce qui permettait de présenter davantage d’objets47. Son successeur Karl Koetschau procéda en 1907 à une nouvelle répartition des pièces inspirée des dernières années de vie de Goethe 48. En même temps, l’espace destiné aux expositions s’étendit jusqu’à la mansarde que Goethe n’utilisa jamais49.

1.4. Séparation fonctionnelle

espaces savantslieumusée construction des savoirstraditionmémoireDès la fin du 19e siècle, les maisons Goethe de Francfort et de Weimar remplissaient des fonctions hétérogènes. La double vocation de lieu de mémoire dédié à une personne et de musée, la constante croissance des collections et les exigences du public entraînèrent forcément une extension des locaux, mais aussi des institutions elles-mêmes. Celle-ci se fit en plusieurs étapes.

construction des savoirstraditionhéritage espaces savantslieumusée espaces savantslieumaisonÀ Francfort, on accola en 1897 un « musée Goethe » à la « maison Goethe » dans le but de « débarrasser les pièces de la maison de tout ce qui pouvait “faire musée” »50. À peine quelques années plus tard, il fallut procéder à un agrandissement qui cependant ne put ouvrir qu’en 1932 en tant que musée de l’époque goethéenne « dédié à l’éclairage réciproque des arts ». Des plans pour un musée du romantisme restèrent à l’état de projet51. À Weimar, on sépara d’abord les manuscrits du reste de l’héritage goethéen et la grande-duchesse Sophie créa pour eux une nouvelle institution qui allait devenir le « Goethe-und Schiller-Archiv ». Le « bâtiment des collections » construit en 1913/14 pour agrandir le Goethe-Nationalmuseum rendit plus aisé l’accès aux fonds pour les chercheurs52. Un nouvel agrandissement concernant les locaux destinés aux expositions ne put être réalisé qu’en 1935, avec l’appui d’Adolf Hitler 53.

Le « Gartenhaus » de Goethe resta certes inchangé, mais dans les années 1920/1930 servit fréquemment de référence comme une construction « typiquement allemande » opposée à ce qu’était alors la modernité architecturale54. Pour les festivités de l’année Goethe de 1932, des artisans au chômage en réalisèrent une copie à petite échelle montée sur roulettes, destinée à promouvoir Weimar, posant accessoirement par là la question de la reproductibilité de l’héritage culturel (voir ill. ci-contre) 55.

Figure 7. Oskar Klopfleisch, ,
            carte postale, 1932 (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés
            Klassik Stiftung Weimar
Figure 7. Figure 7. Oskar Klopfleisch, Copie réduite du « Gartenhaus » de Goethe, carte postale, 1932 (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung Weimar

1.5. Identité nationale

construction des savoirspolitique des savoirsguerre espaces savantslieumaisonAu cours de la Seconde Guerre mondiale, les maisons Goethe prirent tôt des précautions contre d’éventuels dommages. Pour les sites de Weimar dédiés aux classiques, le camp de concentration de Buchenwald fut contraint de fournir des caisses de bois pour mettre les objets à l’abri. La Haute fondation fit un relevé architectural détaillé du bâtiment en vue d’une éventuelle reconstruction56. Il y eut effectivement de lourds impacts de bombes. Dans la maison du Frauenplan, l’entrée cochère à l’ouest avec au-dessus d’elle la chambre dite d’Urbino, ainsi qu’une grande partie de la mansarde, furent totalement détruites (voir ill. ci-contre). De la maison natale de Goethe il ne resta à la fin de la guerre qu’un amas de décombres.

Figure 8. Louis Held, , photographie, 1945
            (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung
            Weimar
Figure 8. Figure 8. Louis Held, La maison de Goethe après le bombardement, photographie, 1945 (coll. Klassik Stiftung Weimar). © et clichés Klassik Stiftung Weimar

construction des savoirsépistémologieidéeÀ Weimar, les occupants soviétiques étaient pressés de faire disparaître aussi vite que possible les ruines de la guerre. Au-delà de l’objectif de la toute proche année Goethe de 1949, il s’agissait aussi d’une stratégie politico-culturelle d’intégration du classicisme dans leur idéologie57. À Francfort par contre se développa un débat riche en controverses sur le rôle symbolique de la maison natale de Goethe 58 : malgré des arguments convaincants plaidant pour la construction d’un bâtiment « moderne » pour remplacer l’ancien détruit, les tenants d’une reconstruction fidèle à l’original l’emportèrent – pour rendre ainsi un cadre approprié à l’ensemble des objets sauvés. Le résultat fut convaincant comme le déclara, bien longtemps après l’ouverture qui eut lieu en 1951, le philosophe Günter Anders : « car le faux peut devenir vrai ! »59

espaces savantslieumusée espaces savantslieumusée acteurs de savoircommunautéinstitutionLes institutions n’ont cependant pas terminé leur évolution. En 1997 s’est fait sentir à Francfort la nécessité de transformer et d’agrandir les locaux. Et en 2021 eut lieu l’inauguration d’un musée du romantisme à proximité immédiate. À Weimar fut construite en 1999, année où la ville fut capitale culturelle, une copie du « Gartenhaus » du parc de l’Ilm, qui cette fois fut rendue visitable, car pensée comme une création temporaire en vue de susciter une réflexion sur l’authenticité60. Le Musée national Goethe pour sa part reçut un escalier de forme ovale, riche en significations, afin de modifier la perception, dans un sens plus moderne, de l’annexe de 1935 61. Une opération générale d’assainissement radical du complexe du Frauenplan devrait être entreprise dans les prochaines années. On ne pourra alors passer à côté d’une réflexion sur ce que peut signifier dans la société contemporaine le classicisme weimarien.

Notes
1.

Petra Maisak, Hans-Georg Dewitz, Das Goethe-Haus in Frankfurt-am-Main, Frankfurt/Main, Insel, 1999, p. 24-31

2.

Ernst-Gerhard Güse, Margarete Oppel (éd.), Goethes Gartenhaus, Weimar, Klassik Stiftung, 2008, p. 13

3.

Wolfgang Holler, Kristin Knebel (éd.), Goethes Wohnhaus, Weimar, Klassik Stiftung, 2011, p. 14 et suiv.

4.

Voir Konrad Scheurmann, Ursula Bongerts-Schomer (éd.), « … endlich in dieser Hauptstadt der Welt angelangt! » Goethe in Rom. Publikation zur Eröffnung der Casa di Goethe in Rom, Mainz, Philipp von Zabern, 1997

5.

Marbacher Magazin, 74, 1996, p. 105-107 ; Rainer Krauß, Kathrin Kunze (éd.), Museum Jagdhaus Gabelbach, Ilmenau, GoetheStadtMuseum, 2018, p. 48 et suiv.

6.

Christian Hecht, Goethes Haus am Weimarer Frauenplan. Fassade und Bildprogramme, München, Hirmer, 2020, p. 38-159

7.

Christoph Schmälzle, « Museale Welten. Das Haus am Weimarer Frauenplan », in Thorsten Valk (éd.), Goethe. Verwandlung der Welt, München, Prestel, 2019, p. 250-271, ici particulièrement p. 252-255

8.

Voir Diana Stört, Goethes Sammlungsschränke. Wissensbehältnisse nach Maß, Dresden, Sandstein, 2020

9.

Hans Werner Seiffert (éd.), Wielands Briefwechsel, vol. 5 : Briefe der Weimarer Zeit, Berlin, Akademie, 1983, p. 695

10.

Christoph Schmälzle, « Weltliche Wallfahrt. Schillers Reliquien in den Gedenkstätten des 19. Jahrhunderts », in Hellmut Seemann, Thorsten Valk (éd.), Literatur ausstellen. Museale Inszenierungen der Weimarer Klassik, Göttingen, Wallstein, 2012, p. 57-84, ici p. 58 et suiv.

11.

Petra Maisak, Hans-Georg Dewitz, Das Goethe-Haus in Frankfurt-am-Main, op. cit., p. 106-113

12.

Bettina von Arnim, Goethe’s Briefwechsel mit einem Kinde, Berlin, Ferdinand Dümmler, 1835, vol. 1, p. 196 ; Heinrich Pallmann, Das Goethehaus in Frankfurt, Frankfurt/Main, Gebrüder Knauer, 1889, p. 11 et suiv.

13.

On peut lui comparer la maison des grands-parents de Thomas Mann à Lubeck qui fut rendue célèbre en tant que maison des Buddenbrook ; voir Thomas Radbruch, Hans Wißkirchen, Das Buddenbrookhaus, Hamburg, Die Hanse, 2001.

14.

Stephan Schütze, « Göthe’ns Geburtshaus », in Journal für Literatur, Kunst, Luxus und Mode, 39, 1824, p. 70 et planche 2 ; voir aussi Journal für Literatur, Kunst, Luxus und Mode, 38, 1823, p. 675, notes.

15.

Gerhard Schuster, Caroline Gille (éd.), Weimarer Klassik. Wiederholte Spiegelungen. 1759–1832. Ständige Ausstellung des Goethe-Nationalmuseums, München, Hanser, 1999, vol. 1, p. 169

16.

Ibid., p. 170

17.

Christoph Schmälzle, « Museale Welten. Das Haus am Weimarer Frauenplan », op. cit., p. 252

18.

Johann Wolfgang von Goethe, Sämtliche Werke nach Epochen seines Schaffens, éd. Karl Richter [Édition de Munich, désormais abrégée en MA], München, Hanser, 1985-1998, ici vol. 18.1, p. 21, 420 et suiv.

19.

MA, vol. 13.1, p. 133, 704

20.

Christian Hecht, Goethes Haus am Weimarer Frauenplan…, op. cit., p. 195-199

21.

MA, vol. 18.1, p. 9, 401 et suiv. ; voir aussi MA, vol. 13.1, p. 175.

22.

Cf. Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris, Venise. XVI e – XVIII e  siècle, Paris, Gallimard, 1987, p. 43

23.

Johann Wolfgang von Goethe, « Tag-und Jahreshefte », in Werke [Édition de Berlin], vol. 16, Berlin, Weimar, Aufbau, 1964, p. 24, 40 et suiv.

24.

Du même, Werke, dans l’éd. commandée par la grande-duchesse Sophie de Saxe, Weimar, Böhlau, 1887–1919 [Édition de Weimar, par la suite abrégée en WA], ici : section IV, vol. 44, p. 309 ; ibid., vol. 25, p. 5.

25.

Gerhard Schuster, Caroline Gille (éd.), Weimarer Klassik. Wiederholte Spiegelungen…, op. cit., vol. 1, p. 171

26.

Otto Volger, Goethe’s Vaterhaus. Ein Beitrag zu des Dichters Entwicklungsgeschichte, Frankfurt/Main, Freies Deutsches Hochstift, 1863, p. 174 et suiv. ; Petra Maisak, Hans-Georg Dewitz, Das Goethe-Haus in Frankfurt-am-Main, op. cit., p. 114.

27.

Cf. les plans de Goethe pour un mémorial Schiller : WA, partie IV, vol. 28, p. 34.

28.

Alexander Lacy [= Virginia Wunderlich], Santa Casa. Episode aus Goethes Jugendzeit. Eine Novelle, Mainz, Kunze, 1853, vol. 2, p. 186

29.

Paul Kahl, Hendrik Kalvelage (éd.), Das Goethe-Nationalmuseum in Weimar, vol. 1 : Das Goethehaus im 19. Jahrhundert, Göttingen, Wallstein, 2015, p. 41 et suiv.

30.

René Jacques Baerlocher, Christa Rudnik (éd.), “Weimars Pflichten auf der Bühne der Vergangenheit”. Der Briefwechsel zwischen Großherzog Carl Alexander und Walther Wolfgang von Goethe, Göttingen, Wallstein, 2010, p. 447

31.

Paul Kahl, Hendrik Kalvelage (éd.), Das Goethe-Nationalmuseum in Weimar…, op. cit., vol. 1, p. 67-70

32.

Paul Kahl, « Schillers und Goethes Weimarer Arbeitszimmer », in Hellmut Seemann, Thorsten Valk (éd.), Literatur ausstellen…, op. cit., p. 85-96, ici p. 94 et suiv.

33.

Paul Kahl, Die Erfindung des Dichterhauses. Das Goethe-Nationalmuseum in Weimar. Eine Kulturgeschichte, Göttingen, Wallstein, 2015, p. 53 et suiv.

34.

Ibid., p. 55-103

35.

Robert Springer, Weimar’s klassische Stätten. Ein Beitrag zum Studium Goethe’s und unserer klassischen Literatur-Epoche, Berlin, Julius Springer, 1868

36.

Gerhard Schuster, « Goethe diktiert », in Marbacher Magazin, 74, 1996, p. 86-91

37.

Christoph Schmälzle, « Weltliche Wallfahrt. Schillers Reliquien in den Gedenkstätten des 19. Jahrhunderts », op. cit., p. 63, 83

38.

C’est ainsi que parut Schillerhäuser de Josef Rank en 1856 dans la collection Brockhaus’ Reisebibliothek ; la Weimar’s klassische Stätten de Robert Springer (cf. note 35) commence par un chapitre intitulé Auf der Thüringischen Eisenbahn.

39.

Fritz Adler, Freies Deutsches Hochstift. Seine Geschichte. Erster Teil. 1859-1885, Frankfurt/Main, Freies Deutsches Hochstift, 1959, p. 101-149

40.

Otto Volger, Goethe’s Vaterhaus…, op. cit., p. 185

41.

Cf. Wilhelm Dilthey, « Archive für Literatur », in Deutsche Rundschau, 58, 1889, p. 360-375

42.

Berichte des Freien Deutschen Hochstifts, 5, 1864, p. 116 ; cf. Joachim Seng, « “Bilder sind Chiffren des Geistes”. Das Frankfurter Goethe-Museum und seine Erweiterung durch Ernst Beutler », in Hellmut Seemann, Thorsten Valk (éd.), Literatur ausstellen…., op. cit., p. 151-170, ici p. 151.

43.

Otto Volger, Goethe’s Vaterhaus…, op. cit., p. 192

44.

Cité d’après Fritz Adler, Freies Deutsches Hochstift…, op. cit., p. 130 ; voir aussi Joachim Seng, « “Geh vom Häuslichen aus und erweitere es zu einer Welt”. Das Frankfurter Goethe-Museum im 19. Jahrhundert », in Anne Bohnenkamp, Constanze Breuer, Paul Kahl, Stefan Rhein (éd.), Häuser der Erinnerung. Zur Geschichte der Personengedenkstätte in Deutschland, Leipzig, Evangelische Verlagsanstalt, 2015, p. 133-151, ici p. 143.

45.

Fritz Adler, Freies Deutsches Hochstift…, op. cit., p. 172-190 ; Paul Kahl, Die Erfindung des Dichterhauses…, op. cit., p. 120 et suiv.

46.

Paul Kahl, Die Erfindung des Dichterhauses…, op. cit., p. 129-133

47.

Louis Held, Goethes Heimstätte in Weimar. 20 Ansichten aus dem Goethe-National-Museum. Einzig autorisierte Aufnahmen, Weimar, Weissbach, 1886

48.

Paul Kahl, Die Erfindung des Dichterhauses…, op. cit., p. 143 et suiv.

49.

Louis Held, 20 Ansichten der Sammlungsräume im Dachgeschoß des Goethehauses und im Anbau, Weimar, Vereinigung der Freunde des Goethehauses, 1916

50.

Berichte des Freien Deutschen Hochstiftes 13, 1897, 88 ; cf. Joachim Seng, « “Bilder sind Chiffren des Geistes”… », op. cit., p. 158 et suiv.

51.

Gegenwärtige Vergangenheit. Das Freie Deutsche Hochstift hundert Jahre nach der Gründung des Frankfurter Goethe-Museums, Frankfurt-am-Main, Freies Deutsches Hochstift – Frankfurter Goethe-Museum, 1997, p. 28-30

52.

Paul Kahl, Die Erfindung des Dichterhauses…, op. cit., p. 145-148

53.

Ibid., p. 163-196

54.

Wolfgang Pehnt, « Blutwarmes Leben – einfachste Körperform. Zur Rezeption von Goethes Gartenhaus in Zeiten des Bauhauses », in Hellmut Seemann, Thorsten Valk (éd.), Klassik und Avantgarde. Das Bauhaus in Weimar. 1919-1925, Göttingen, Wallstein, 2009, p. 68-84, ici p. 73 et suiv.

55.

Paul Kahl (éd.), Das Goethe-Nationalmuseum in Weimar, vol. 2, Göttingen, Wallstein, 2019, p. 167

56.

Joachim Seng, Goethe-Enthusiasmus und Bürgersinn. Das Freie Deutsche Hochstift – Frankfurter Goethe-Museum. 1881–1960, Göttingen, Wallstein, 2009, p. 452-454

57.

Bettina Meier, Goethe in Trümmern. Zur Rezeption eines Klassikers in der Nachkriegszeit, Wiesbaden, DUW, 1989, p. 196-201

58.

Michael S. Falser, Zwischen Identität und Authenzität. Zur politischen Geschichte der Denkmalpflege in Deutschland, Dresden, Thelem, 2008, p. 82-88

59.

Cité d’après Philipp Maaß, Die moderne Rekonstruktion. Eine Emanzipation der Bürgerschaft in Architektur und Städtebau, Regensburg, Schnell & Steiner, 2015, p. 205

60.

Lorenz Engell, « Von Goethes Gartenhaus zu McGoethe. Eine kleine Geschichte des Duplikats », in Gerd Zimmermann, Jörg Brauns (éd.), KulturStadtBauen. Eine architektonische Wanderung durch Weimar. Kulturstadt Europas 1999, Weimar, Universitätsverlag, 1999, p. 93-97, ici p. 93 et suiv.

61.

Oliver Hamm, Die Treppe im Goethe-Nationalmuseum, Berlin, Circle, 1999